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En voiture!

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Née à la même époque que le cinéma, l’automobile incarne à l’écran un sentiment de liberté, synonyme d’aventures, de rencontres et de nouveaux horizons. Elle permet tout autant de vastes travellings sur les paysages que l’introspection des habitants du véhicule. Icône de la modernité technologique, la voiture peut aussi révéler son côté obscur, chaos de tôles froissées et pulsions destructrices. Alors que sa mythologie reflue en raison de son impact écologique, panorama cinématographique des représentations et des usages de la voiture au fil du temps.

Les courses folles brouillent le sens de l’orientation, et nous voici à Paris. Oui, mais en Australie, sans Tour Eiffel donc, et ce n’est pas pour autant qu’on s’y ennuie : les habitants de cette petite ville ont l’étrange habitude de provoquer des accidents à l’encontre des étrangers qui se hasardent sur son chemin... Premier long métrage réalisé par Peter Weir en 1974, Les Voitures qui ont mangé Paris est une satire déroutante, qui présente déjà certaines des caractéristiques qui feront le succès à venir de la série des Mad Max. 

Grand observateur des progrès technologiques, Jacques Tati s’empare de la voiture comme emblème de la modernité dans Trafic (1971), entre fascination et visée critique. Poursuivant les aventures de Monsieur Hulot, son personnage fétiche, il sème gags et figures burlesques sur le chemin de son intrigue (l’accompagnement d’un convoi vers le Salon de l’automobile) et introduit un peu de poésie entre les embouteillages monstres et les symphonies de klaxons.

No Sex Last Night explore la tentative d’un couple de se retrouver. Faux documentaire de Sophie Calle, sorti en 1996, le film est un road trip en Amérique, où le voyage tragi-comique, parsemé d'embûches, se fait métaphore du couple et de la difficulté à construire ensemble un horizon commun.

Ours d’or à Berlin en 2015, Taxi Téhéran explore aussi les limites du documentaire. Alors que le cinéaste iranien Jafar Panahi est interdit de tournage, il se fait passer pour un chauffeur de taxi et enregistre les conversations avec ses clients — parfois complices, parfois moins. D’une course à l’autre, il explore les rues de la capitale et la parole de celles et ceux qui la peuple. Dans cette pluralité de voix, se dessine un portrait complexe et audacieux du pays, non dénué d’une ironie crue propre aux actes de résistance.

En trois parties et quatre pronoms, à la lisière du roman d’apprentissage et de la lettre filmée, Je, tu, il, elle le premier long-métrage de Chantal Akerman précède d’un an Jeanne Dielman. Entre la solitude du “je” après une rupture amoureuse et les retrouvailles pour une nuit avec “elle”, la jeune protagoniste prend la route, et croise un camionneur qui lui raconte l’intermittence de ses désirs (Niels Arestrup, hypnotique dans l’un de ses premiers rôles). On trouve déjà dans ce film un goût pour les plans séquence, une attention particulière aux sons et une puissance d’incarnation des corps à l’écran, au service d’un point de vue féminin aussi singulier que subversif. 

Le voyage initiatique se fait amer avec Wendy & Lucy (2008), quand les espoirs d’une jeune femme se heurtent aux difficultés du monde contemporain. En route vers l’Alaska, elle perd sa chienne, fidèle compagnonne de route, et part à sa recherche. Portrait d’une solitude en errance signé Kelly Reichardt, la chienne jouant Lucy reçoit la Palm Dog au Festival de Cannes. 

C’est à une autre traversée à laquelle nous convie Le Plein de super (1976), celle de la France des villes et des campagnes de l’époque. Un jeune garagiste, chargé d’emmener une voiture de Lille à Menton, se fait accompagner d’un ami avant d’embarquer deux auto-stoppeurs. Une solide amitié se noue entre les quatres garçons, un peu oublieux de leur mission première. Alain Cavalier restitue, avec une liberté de ton qui laisse pantois, une jeunesse des années 70 en quête de liberté, entre désenchantement post 68 et désir de mordre la vie à pleine dents. 

Après s’en être pris à une jeune femme, trois amis échauffés par une soirée bien arrosée s’attaquent à un travailleur immigré croisé sur la route. À l’abri dans leur voiture, ils poursuivent l’inconnu à mobylette dans un déchaînement de violence gratuite. Sorti en 1974, L’Agression de Frank Cassenti s’inspire d’un fait divers et vise à dénoncer les actes de racisme.


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