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En voiture !

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Née à la même époque que le cinéma, l’automobile incarne à l’écran un sentiment de liberté, synonyme d’aventures, de rencontres et de nouveaux horizons. Elle permet tout autant de vastes travellings sur les paysages que l’introspection des habitants du véhicule. Icône de la modernité technologique, la voiture peut aussi révéler son côté obscur, chaos de tôles froissées et pulsions destructrices. Alors que sa mythologie reflue en raison de son impact écologique, panorama en 10 films des représentations et des usages de la voiture au fil du temps.

On ne présente plus Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991), week-end entre copines, élevé au rang de film culte. À l’initiative de la scénariste Callie Khouri (qui obtiendra l’Oscar du Meilleur scénario), ce premier road-movie au féminin donne les clés de la voiture à Geena Davis (Thelma) et Susan Sarandon (Louise) qui envoient valser les stéréotypes, suivant la route aussi méandreuse que libératrice de la prise de contrôle des femmes sur leurs propres vies. Le film qui revisite de nombreux genres typiquement américains (film de cavale, revenge movie, policier, western…) révèle par ailleurs un jeune acteur montant : Brad Pitt. 

Les courses folles brouillent le sens de l’orientation, et nous voici à Paris. Oui, mais en Australie, sans Tour Eiffel donc, et ce n’est pas pour autant qu’on s’y ennuie : les habitants de cette petite ville ont l’étrange habitude de provoquer des accidents à l’encontre des étrangers qui se hasardent sur son chemin... Premier long métrage réalisé par Peter Weir en 1974, Les Voitures qui ont mangé Paris est une satire déroutante, qui présente déjà certaines des caractéristiques qui feront le succès à venir de la série des Mad Max.

Grand observateur des progrès technologiques, Jacques Tati s’empare de la voiture comme emblème de la modernité dans Trafic (1971), entre fascination et visée critique. Poursuivant les aventures de Monsieur Hulot, son personnage fétiche, il sème gags et figures burlesques sur le chemin de son intrigue (l’accompagnement d’un convoi vers le Salon de l’automobile) et introduit un peu de poésie entre les embouteillages monstres et les symphonies de klaxons.

La fascination pour les moteurs vrombissants et les carrosseries rutilantes est à son comble dans Christine de John Carpenter (1983), d’après le roman éponyme de Stephen King. La voiture — une Plymouth Fury pour être précis — s’anthropomorphise, devenant un talisman et une amie pour le jeune Arnie, harcelé par ses camarades. Aux côtés de Christine — c’est son nom — Arnie se sent plus fort et change peu à peu d’attitude. C’est alors que Christine devient jalouse et élimine tous ceux qui s’approchent un peu trop de son protégé…

Le lien entre machine et humains se teinte d’un érotisme noir dans Crash (1996). En adaptant le roman de James G. Balard, David Cronenberg nous plonge dans la psyché malaisante de ses personnages - un improbable fétichisme pour l’automobile -, pour mieux sonder les mécaniques de la jouissance et ses pulsions, ici mortifères. Porté par James Spader et Holly Hunter, la musique d’Howard Shore et l’image somptueuse de Peter Suschitzky, le cinéaste cisèle un joyau noir, soufflant le chaud et la glace pour dire la fusion de la chair et de la tôle, qui provoquera un scandale cannois d’anthologie avant d’obtenir le Prix spécial du jury.

No Sex Last Night, contrairement à ce qu’indique son titre, partage avec Crash la tentative d’un couple de se retrouver. Faux documentaire de Sophie Calle, sorti lui aussi en 1996, le film est un road trip en Amérique, où le voyage tragi-comique, parsemé d'embûches, se fait métaphore du couple et de la difficulté à construire ensemble un horizon commun.

Ours d’or à Berlin en 2015, Taxi Téhéran explore aussi les limites du documentaire. Alors que le cinéaste iranien Jafar Panahi est interdit de tournage, il se fait passer pour un chauffeur de taxi et enregistre les conversations avec ses clients — parfois complices, parfois moins. D’une course à l’autre, il explore les rues de la capitale et la parole de celles et ceux qui la peuple. Dans cette pluralité de voix, se dessine un portrait complexe et audacieux du pays, non dénué d’une ironie crue propre aux actes de résistance.

En trois parties et quatre pronoms, à la lisière du roman d’apprentissage et de la lettre filmée, Je, tu, il, elle le premier long-métrage de Chantal Akerman précède d’un an Jeanne Dielman. Entre la solitude du “je” après une rupture amoureuse et les retrouvailles pour une nuit avec “elle”, la jeune protagoniste prend la route, et croise un camionneur qui lui raconte l’intermittence de ses désirs (Niels Arestrup, hypnotique dans l’un de ses premiers rôles). On trouve déjà dans ce film un goût pour les plans séquence, une attention particulière aux sons et une puissance d’incarnation des corps à l’écran, au service d’un point de vue féminin aussi singulier que subversif. 

Avec American Honey, Andrea Arnold délaisse l’Angleterre pour nous immerger dans la vie d’une bande de jeunes gens qui parcourent le midwest en faisant de la vente en porte-à-porte. On suit ainsi, entre les vastes paysages étatsuniens, la quête d’indépendance de Star, adolescente partie par amour et aussi vite déçue, mais ne perdant jamais espoir. Le regard sensoriel de la cinéaste nous offre une fresque sociale dure et rythmée qui lui vaudra le Prix du jury à Cannes en 2016.

C’est à une toute autre traversée à laquelle nous convie Le Plein de super (1976), celle de la France des villes et des campagnes de l’époque. Un jeune garagiste, chargé d’emmener une voiture de Lille à Menton, se fait accompagner d’un ami avant d’embarquer deux auto-stoppeurs. Une solide amitié se noue entre les quatres garçons, un peu oublieux de leur mission première. Alain Cavalier restitue, avec une liberté de ton qui laisse pantois, une jeunesse des années 70 en quête de liberté, entre désenchantement post 68 et désir de mordre la vie à pleine dents.


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